La Nuit des Camisards

De Lionnel Astier – 2008

« La Nuit des Camisards »

ou voyage avec un spectacle à travers les Cévennes

 

« La Nuit des Camisards », bien loin d’une reconstitution historique, est un spectacle de théâtre contemporain qui s’adresse à tous, qui interroge, qui distrait, qui pose des questions, qui émeut. Dans cette période politique aux relents obscurantistes comme extrémistes, « la Nuit des Camisards », parle, sans parti-pris, et parfois avec humour, de ces périodes troubles où beaucoup s’isolent et se réfugient dans la peur de l’autre.

« La Nuit des Camisards » traite de cela, de la montée des intégrismes, de l’aveuglement des hommes dans un conflit, de la terreur, de la résistance à l’ignominie, de la liberté d’expression comme de la liberté de conscience, et de la place des femmes dans ces moments où les hommes choisissent de s’entretuer.

En 2008, soutenus par le Cratère (Scène Nationale d’Alès) le Zinc Théâtre a commencé une aventure artistique rare. Le spectacle a été créé à Saint-Jean-du-Gard – où nous avons joué pendant 2 ans -, puis le spectacle a été repris jusqu’en 2016 à Alès et dans les Cévennes.

Au Pont de Montvert en août 2014, nous avons eu le bonheur de vivre une représentation exceptionnelle. Exceptionnelle non seulement par la qualité de la représentation (jouer au milieu du Bougès tout près des étoiles) mais aussi par la présence et l’accueil du public. Cette représentation sur le Bougès fut un déclencheur. L’association des amis de la Nuit des Camisards, depuis, s’est employé à faire résonner dans la grande région des Cévennes et au delà, notre spectacle, en nous permettant de retourner au projet originel : jouer dans les sites les plus secrets, les plus clandestins, les plus éloignés du monde, dans les lieux du désert, où se réunissaient les camisards.

« La pièce est écrite pour des extérieurs. Pour évoquer les fantômes de l’Histoire, les spectateurs sont convoqués, non pas dans UN théâtre, mais dans LE théâtre. Celui du monde, le même où se retrouvaient les camisards pour leurs assemblées secrètes, à ciel ouvert, loin des centres et proche des étoiles : le Désert. Le public est invité à se rendre à pied jusqu’au lieu du spectacle, comme le faisaient jadis les camisards, dans ces lieux de rendez-vous clandestins : une clairière, une grotte, des endroits retireés. Le décor est naturel. Il est conçu comme une assemblée. »

Cette présentation écrite en 2007, parle bien du projet que nous portons aujourd’hui. La pièce est à l’image des personnages dont elle parle. Riche en hommes, avec du matériel léger. Pas de technologie apparente, très peu d’artifices. Nous avons retravaillé ce spectacle pour qu’il puisse être installé et joué dans des endroits (un pré, une clairière) que l’on trouve dans toute commune rurale. Ici pas de gradins, pas de scène, les spectateurs sont assis à même le sol, en pleine nature.

Gilbert ROUVIÈRE – Metteur en scène

“Lionnel Astier signe un texte remarquable… les interprétations confirment le talent de ces acteurs inspirés… Une mise en scène au pouls battant”

Stéphanie Augé

MIDI LOISIRS

Une fiction dans un contexte historique

Octobre 1685…

L’Édit de Fontainebleau vient révoquer celui de Nantes et mettre un point final à l’existence du protestantisme français. C’est ce que pensent ses auteurs et ce que croit Louis XIV.

 

Juillet 1702, Les Cévennes profondes…

Alès, Nîmes, Montpellier, les villes sont loin. Que dire de Paris, Versailles ? Les hauts personnages qui vivent en ces lieux ne s’aventurent pas en Gévaudan ou sur les pentes de l’Aigoual. C’est au cœur de ces montagnes que le principe protestant reprend vie entre ceux qui y vivent, s’y cachent, s’y rassemblent et les parcourent au quotidien. Les Cévennes s’échauffent, s’agitent, deviennent dangereuses.

Les assemblées secrètes appelant à la révolte armée se multiplient. Les bandes de ceux que l’on n’appelle pas encore « camisards » se forment dans la violence et la crainte, entre l’écoute des sermons inspirés des prophètes, l’agitation du passage à l’acte et, déjà, le tourment des pouvoirs à prendre.
Gonflés de Bible et de colère, les fous de Dieu, se jaugent, se testent, se stimulent, se repoussent, se rassemblent enfin…
L’action est imminente.

Le meurtre de l’abbé Du Chayla par les inspirés marque le premier acte de la Guerre des camisards.
C’est l’explosion furieuse des huguenots provoquée par les cruautés de cet abbé désigné, en Cévennes, comme le grand tortionnaire des protestants.
Du Chayla est mis à mort par les premiers camisards dans la nuit du 24 juillet 1702, peu après 21 heures.
La pièce débute le 23.

DISTRIBUTION

Philippe NOËL – Père Gabriel

Gabriel ROUVIERE – Frère Mathias

Thomas TRIGEAUD  – Salomon Bonnal

Michèle SIMONNET / Josée DREVON (en alternance) – Élise Bonnal

Thomas BEDECARRATS – Peïré

Nicolas OTON – Abraham

Manuel LE LIEVRE  – Samuel Bonnal

Gilbert ROUVIERE – le Docteur Lavigne

Frédéric ANDRE  – Aguilhon

Frédéric BORIE – l’Abbé du Chayla

Jean-Marie FRIN  – Joseph Bastide

Alexandre CHARLET – le Capitaine Escalier

Sabine MOINDROT  – Marie la Noire

Valérie GASSE   – le premier témoin

 

Figurants : Gaspard Gauthier, Clément Hubert, Manon Amor, Carole Mir, Xavier Besson, Cécile Laborda

“Dans une mise en scène au rythme implacable, les humains se débattent en une histoire qui s’acharne sur eux.”

 

Caroline FROELIG
MIDI LIBRE

ÉQUIPE DE CRÉATION

Gilbert ROUVIÈRE – Mise en scène
Valérie GASSE – assistante du metteur en scène
Karin ELMORE, assistée par Cécile LABORDA – costumes
Christine CHOMIKI – perruques
Adrien CORDIER – bande son
Guillaume ALLORY – lumière
Frédéric ANDRÉ – régie générale, régie plateau, accessoires
Gaspard GAUTIER – régie lumière
Clément HUBERT, assisté par Manon AMOR – régie son
Carole MIR – production

 

Ce spectacle est une production du Zinc Théâtre et a reçu le soutien, lors de sa création, du Cratère d’Alès, de l’ADAMI, de l’École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier et de la Région Occitanie.

Interview croisée de l’auteur et du metteur en scène

Lionnel Astier, vous êtes l’auteur de La Nuit des Camisards, comment avez vous abordé le sujet ?

L.A. Dans la plus simple et vraie vocation du théâtre, c’est-à-dire comme une histoire intensément humaine, sans parti pris religieux, où la conviction de chaque camp

est exposée à égale importance dans un moment précis de notre Histoire.

Une représentation historique donc ?

L.A. Non, car l’expression même n’a pas de sens. Toute représentation implique une interprétation. C’est une pièce de théâtre destinée à toutes et à tous, spécialistes et profanes, car c’est une fable sur une aventure humaine hors du commun qui, comme toute fable, se doit d’être édifiante et d’amener sa part de vérité.

Vous vous appuyez quand même sur des faits historiques ?

L.A. Oui, mais l’Histoire ne dit pas tout et laisse des brèches, des espaces temps inoccupés. Là, le théâtre peut se glisser. D’une part, personne ne détient la vérité historique, d’autre part le théâtre ne la cherche pas. Il lui préfère la densité des sentiments. C’est aussi, je pense, ce que vient chercher le public de théâtre. Il a une prédilection pour les petites histoires qui aident à concevoir la grande.

Gilbert Rouvière vous mettez en scène « La Nuit des Camisards », la première représentation était en 2008 à Saint-Jean-du-Gard, comment le spectacle rebondit-il ?

G.R. C’est une histoire qui parle à tous. D’abord par le texte de Lionnel qui, bien que parlant des camisards, est intemporel. Ensuite, par les acteurs. Ce spectacle est régénérant et nous le reprenons à chaque saison avec encore plus d’envie et de plaisir. Évidemment ce plaisir et cette envie nous sont donnés par les spectateurs, certains sont venus voir le spectacle chaque année : alors nous nous disons que ce spectacle est important pour ce pays. 17000 spectateurs depuis la première représentation, quel est le moteur de ce succès ? G.R. Les retours sont très positifs, le public, dans toute sa diversité, est heureux de ce spectacle car théâtralement parlant il est « vivant », il est beau et, surtout, il s’adresse à tous (il ne s’adresse pas qu’à nous, les « Cévenols »). J’aime bien dire que le théâtre est un des derniers espaces de liberté et un espace de convivialité. Avec cette idée, le théâtre est un lieu qui rassemble, où la parole circule, où il y a une dimension humaine… Cela devient rare dans le monde où nous vivons… L.A. Faire du théâtre, c’est déjà s’adresser au plus grand nombre. Et faire du théâtre à partir de l’Histoire implique de bannir toute idée de commémoration et de tentative de reconstitution. J’aime l’idée que monter un spectacle ressemble à un cadeau que l’on destine à son meilleur ami. Quels sont les événements contemporains qui évoquent le plus, pour vous deux,cette nuit du 24 juillet 1702 ? G.R. La Syrie et tous les conflits d’aujourd’hui. N’oublions pas que c’est la principale raison avouée de tous les conflits de la planète aujourd’hui : au nom de la religion, des hommes et des femmes s’entretuent avec violence et férocité.
L.A. Toutes les résistances, tous les combats pour la liberté de corps et de conscience. Tous les conflits où mourir devient moins important qu’obtenir la reconnaissance de sa personne, de son peuple et de son droit.

Quelle est la particularité de la mise en scène ?
G.R. L’idée de l’assemblée où on vient écouter des gens a vraiment été mon fil rouge. D’abord aller « au désert », c’est-à dire trouver un lieu isolé et clandestin, et ensuite ne pas installer le spectateur dans un rapport traditionnel de frontalité, mais le mettre au milieu de l’histoire. « Le désert » fait partie de notre mythologie de gamins, à Lionnel et à moi, notre ADN commun.

Vous êtes tous les deux Cévenols ?
G.R. Oui, le même « cursus ». Nés à la maison de santé cévenole, école primaire, lycée Jean-Baptiste Dumas… et puis quitter Alès pour aller voir ailleurs…

Votre itinéraire commun débute ici ?
L.A. Non, nous avons commencé à travailler ensemble en 1996. Depuis, nous nous sommes régulièrement retrouvés. Gilbert, toujours comme metteur en scène, moi, comme acteur ou auteur.

Quel élément a déclenché votre collaboration pour ce spectacle ?
L.A. C’est un projet d’amis qui s’intègre dans notre histoire commune, directement sorti de nos origines.
G.R. Je partage totalement… L’envie de rassembler des gens autour de ça… et aussi de transmettre… de raconter, comme les vieux avant nous racontaient…