Elise, la colère de Dieu

De Lionnel Astier – 2025

elise, la colère de Dieu

« Elise, la colère de Dieu»

Le monstre de la vérité

Trois siècles à peine nous séparent des camisards et de leurs ennemis. Que nous le voulions ou non, nous portons encore en nous cet héritage de feu et de sang. Lorsque nous voyons, aujourd’hui, des sunnites et des chiites s’entre-tuer, au moins une fois par semaine, pour la raison – qui sans doute en cache d’autres – qu’ils ne sont pas d’accord sur la correcte transmission de la parole du Prophète, nous pouvons encore nous étonner, et aussi nous effrayer.

Car ce que font les Irakiens, ou les Syriens, ou les Yéménites, nous l’avons fait. Sans doute en serions-nous encore capables {…}

Le monstre de la vérité repose encore en nous, faussement anesthésié par nos lois, n’attendant qu’une occasion nouvelle pour sortir de sa léthargie. Aussi devons-nous sans cesse être prudents, méfiants même, et d’abord à l’égard de nous- mêmes.

Jean-Claude Carrière

Contexte historique

Un seul roi, une seule loi, une seule foi

 

Le 18 octobre 1685, la révocation de l’édit de Nantes vient conclure une période de terreur par laquelle Louis XIV, dans sa volonté d’unité, a obtenu la conversion de tous les protestants de France au catholicisme.

Ce coup de grâce parachève presqu’un siècle de dissuasions, d’intimidations, de spoliations, et enfin de persécutions du peuple réformé.

L’édit commande, entre autres, l’interdiction des assemblées, la démolition des temples, le départ des pasteurs hors du royaume, l’interdiction pour tous les autres de quitter le pays sous peine de confiscation de biens, de galères, de prison ou de mort, l’obligation d’assister à la messe, le baptême romain pour les enfants et leur éducation dans les principes de la religion catholique.

Le royaume de France se composera désormais d’anciens catholiques et de nouveaux : les nouveaux convertis. Ces derniers doivent renoncer à leur foi, croire autrement, admettre qu’il ont été élevés dans l’erreur, et que leur Dieu, en fait, n’est pas le bon. C’est ce que René Allio (réal. du film «Les Camisards» 1972), appelait une entreprise de déculturation.

Toutefois, bien conscient que cette génération persécutée, convertie « par la bouche et non par le coeur », ne sera jamais tout à fait acquise au catholicisme, le pouvoir fonde ses espoirs sur la génération suivante qui, éduquée dans « la vraie religion », devrait produire des catholiques acceptables.

En pays de Cévennes, les choses tournent autrement.

Certes, les enfants nouveaux convertis reçoivent bien une éducation catholique pendant le jour, mais les parents continuent de leur transmettre, la nuit venue, la religion à laquelle ils sont restés secrètement fidèles. C’est ainsi qu’en 1702, dix sept ans plus tard, la révolte des Cévennes éclate, organisée par des bandes de jeunes paysans saturés de bible et de colère. Ils prêchent, prophétisent en état de transe, affrontent les troupes royales dans une guérilla d’inspirés, avec pour seule et unique revendication : la liberté de conscience !

On les appelle les camisards.

Note d’intention

Le monde où nous vivons

Opposer de méchants catholiques persécuteurs à d’héroïques protestants inspirés n’est pas mon propos. D’un côté comme de l’autre, les tueries se sont égalées en cruauté. Ici, le premier à jouer son vrai rôle est le théâtre lui-même, en traitant de l’humain, en parlant de peur, de fièvre, de transe, de doute, de contradictions et de la sincère conviction de tous, agressés comme persécuteurs ; le dieu catholique ou l’éternel huguenot n’étant que des personnages comme les autres.
ÉLISE, LA COLÈRE DE DIEU se passe à une époque de violence d’état rarement atteinte de la part d’un roi envers une part de ses sujets ; un temps où la violence religieuse explose : on emprisonne, on torture, on exécute par impuissance à convaincre ; une période où les libertés, progressivement rognées depuis presqu’un siècle, sont radicalement supprimées ; où l’exil est interdit et la conversion à la religion du roi s’impose par la terreur. Une violence similaire à celles qui sévissent à un saut d’avion de chez nous; à cette autre qui tue encore des prêtres, des professeurs, des dessinateurs ou les spectateurs d’un concert. À ces mêmes libertés qui perdent toujours du terrain, qu’elles soient de conscience, de s’exprimer, de dessiner, de circuler. À ces fugitifs, qu’on appelle aujourd’hui migrants, qui subissent l’arrachement à la terre, les dangers et la dignité perdue. Et enfin, à ce peuple, dont fait partie Élise, ces «exilés de l’intérieur» qui n’ont pas les moyens de l’exil, ni vocation à se battre, qui vivent «au désert», cachés dans la montagne après la perte de leurs biens, souffrants de la faim, hors-la-lois pour avoir prié dans les bois.
Quand la fiction s’intéresse à l’Histoire, c’est souvent qu’elle éclaire notre temps. C’est la première raison de mon attirance pour cette période confidentielle de l’Histoire de France. La seconde est que la légende des « camisards » a hanté mon enfance cévenole, et que chercher à en comprendre le sens m’a sans doute, par la suite, apporté un éclairage sur les autres conflits du monde.
Enfin, lorsque les évènements passés donnent l’impression de refléter une part de notre actualité de manière troublante, le théâtre doit sans doute saisir comme une chance ce recul qui lui permet d’élaborer une fable.

LIONNEL ASTIER

DISTRIBUTION

Frère Mathias de Clermont  

Charles-Adrien Delmas  

Comte du Chayla 

Elise Bonnal    

Lucie Rampon    

Abbé de Chanac     

Jacques Donnadieu       

Reboul                

Samuel Bonnal          

Catherine de Vernagues  

Salomon Bonnal       

Moïse        

 

Gabriel Rouvière

 Frédéric Borie

 Nicolas Oton

Mireille Roussel

José Drevon

François Macherey

Massimo Riggi

 Frédéric André

Alexandre Charlet

Sabine Moindrot

Thomas Trigeaud

Jean-Marie Frin

 

DATES DES REPRÉSENTATIONS JUILLET / AOUT 2025

Le 18 Juillet à Florac « Élise , la colère de dieu »
Le 20 Juillet à Saint Chely d’Apcher « Élise , la colère de dieu »
Le 22 Juillet à Mende « Élise , la colère de dieu »
Le 23 Juillet à Saint Germain de Calberte «Élise , la colère de dieu»
Le 25 Juillet à Alès « Élise , la colère de dieu »
Le 26 Juillet à Alès « Élise , la colère de dieu »
Le 28 Juillet à Aigues-Mortes « Élise , la colère de dieu »
Le 30 Juillet à Rousson « La nuit des camisards »
Le 31 Juillet à Rousson « Élise , la colère de dieu »
Le 1 Aout au Vigan « Élise , la colère de dieu »
Le 3 Aout à Meyrueis « Élise , la colère de dieu »
Le 4 Aout à Vébron « Élise , la colère de dieu »
Le 6 Aout à Anduze « Élise , la colère de dieu »
Le 7 Aout à Cannes et Clairan / Sérignac «La nuit des camisards»
Le 8 Aout à Mus « Élise , la colère de dieu »
Le 11 Aout à Champdomergue « Élise , la colère de dieu »
Le 12 Aout à Mialet «La nuit des camisards»
Le 13 Aout à Mialet « Élise , la colère de dieu »
Le 14 Aout à Mialet « Élise , la colère de dieu »